Débunkage du mythe sur le "génocide" de 10 Millions de Congolais
Contexte historique
Léopold II a dirigé l'État indépendant du Congo de 1885 à 1908 comme son domaine personnel. Pendant cette période, des exactions ont été commises, principalement pour l'extraction du caoutchouc et d'autres ressources naturelles, c'est indéniable.
Les estimations du nombre de victimes varient considérablement. Certains personnes évoquent l'idée d'un génocide de 10 millions de morts, incluant les décès dus à la violence, aux maladies, à la famine et aux conditions de travail forcé.
Si les atrocités ont suscité une indignation internationale, ce qui a conduit à la prise de contrôle du Congo par l'État belge en 1908, ce chiffre de 10 Millions de morts - soit la moitié de la population de l'époque - , avancé par l'Anglais Edmond D. Morel et Adam Hochschild, est-il bien sérieux ?
L'aburdité des chiffres
Pour étayer cette affirmation, Moral et Hochschild comparent les recensements de population effectués durant l'État Indépendant du Congo (1885-1908, propriété privée de Léopold II) avec ceux réalisés sous l'administration belge (1908-1960), en se basant sur leurs propres estimations. Cependant, ces démarches aboutissent à des résultats incorrects pour plusieurs raisons.
- L'exploitation du caoutchouc ne concernait qu'une petite partie du Congo, un territoire 80 fois plus grand que la Belgique, et dans les années 1890, seuls 175 agents administratifs étaient responsables de cette exploitation.
- Il n'existait pas de recensement fiable de la population avant la Seconde Guerre mondiale.
- L'absurdité des méthodes de calcul utilisées a été méthodiquement démontrée par certains auteurs, dont Jean Stengers (nous y reviendrons).
Ce qui paraît vrai, par contre, c'est que de nombreuses maladies, comme la maladie du sommeil, ont causé des ravages tant parmi les indigènes que parmi les expatriés. Mais cette estimation de "10 Millions" sort totalement du chapeau et est réfutée par les universitaires. Elle n'est par ailleurs recensée dans aucun rapport parlementaire.
Les démarches de Léopold II pour protéger les noirs
Dès le début de l'entreprise coloniale, Léopold II a doté le système juridique congolais d'un code pénal interdisant la violence. Cependant, en raison de l'immensité du territoire et du sentiment d'impunité qui régnait parfois dans cet État de droit naissant, il n'a pas pu prévenir tous les abus. Certains officiers n'ont pas hésité à utiliser la brutalité et à tuer lors d'expéditions punitives contre des villages dont le seul crime était de ne pas avoir fourni une quantité suffisante de caoutchouc. Ces atrocités ont entraîné la mort de centaines, voire de milliers de Congolais. En 1895, informé de ces massacres, Léopold II a réagi sans ambiguïté : "Nous ne pouvons pas croiser les bras (…) Nous voulons le bien. Si le mal se fait chez nous, nous voulons le savoir et le réprimer" [source : Le Vif, "Léopold II n'était pas un génocidaire" par Sophie Mignon].
Léopold II a traduit les criminels en justice, créé une Commission pour la protection des indigènes et ordonné à son administration de cesser toute cruauté. Malheureusement, ses ordres n'ont pas toujours été suivis à la lettre, par crainte de réduire la pression sur les indigènes et ainsi diminuer les recettes.
Léopold II a sauvé les Congolais de l'esclavagisme
Un des principaux bienfaits de l'œuvre de Léopold II au Congo, et peut-être le plus important, a été de libérer le peuple congolais de l'esclavage arabe qui ravageait l'Afrique centrale, y compris l'est du Congo. Dès 1876, il a placé cette volonté au cœur de la Conférence internationale de géographie et l'a renforcée lors de la conférence anti-esclavagiste de Bruxelles en 1889, qui a instauré un système de répression du trafic d'esclaves. Après plusieurs campagnes militaires entre 1892 et 1894, les Belges ont mis fin à plus de deux siècles d'occupation arabe, qui alimentait les guerres interethniques et semait la terreur dans la région orientale du pays.
Le mythe des mains coupées
Il est souvent dit que "Léopold II faisait couper des mains au Congo". Cette affirmation suggère que le roi Léopold II aurait délibérément fait torturer certains Congolais récalcitrants. Jean Stengers, professeur à l'ULB et l'un des plus grands spécialistes de Léopold II et du Congo, rétablit la vérité historique dans son ouvrage "Congo : mythes et réalités". Il explique que les soldats, pour éviter le gaspillage des munitions, devaient prouver qu'ils utilisaient leurs cartouches à bon escient. La main coupée de l'ennemi tué par balle en était une preuve. La célèbre Commission d'Enquête de 1904-1905, reconnue pour son indépendance et dont l'objectivité est rarement contestée, est très claire : "Jamais le Blanc n'a infligé ou fait infliger, à titre de châtiment, pour manquement dans les prestations ou pour toute autre cause, pareilles mutilations à des indigènes vivants" [Bulletin official de l'Etat Indépendant du Congo, septembre-octobre 1905, p. 226].
Par ailleurs, cette méthode, bien que révoltante même si elle ne concernait que des hommes morts, n'a été appliquée que dans le district de l'Équateur entre 1895 et 1899, sous la direction du commissaire Victor-Léon Fiévez.
Enfin, il est intéressant de constater que l'acte barbare de couper des mains est inconnu du peuple belge, alors qu'il l'était nettement moins dans la culture que les Belges ont chassé du Congo lors de l'entreprise de colonisation (soit la culture esclavagiste d'origine orientale).
Conclusion
En conclusion, les faits présentés montrent que Léopold II n'a jamais eu l'intention de détruire partiellement le peuple congolais. Au contraire, il l'a libéré de l'esclavage arabe et a interdit l'usage de la violence pour atteindre ses objectifs commerciaux. Les conditions de travail et de vie très difficiles des travailleurs congolais, bien que très regrettables aujourd'hui, reflétaient simplement le contexte social et politique de l'Europe de l'époque.